La détresse psychologique (anxiété, dépression, somatisation) et la victimisation des adolescents à l’école constituent un sujet d’intérêt dans la littérature scientifique. Des recherches antérieures ont suggéré que la détresse psychologique est associée à la victimisation des élèves par les enseignants. Selon les auteurs, la direction et la causalité de cette relation n’ont pas encore été confirmées empiriquement. La présente étude avait comme objectif d’examiner les associations longitudinales entre ces deux variables (détresse psychologique des adolescents et victimisation des élèves par les enseignants) et d’explorer si les associations temporelles entre ces deux variables diffèrent selon le sexe.

Cette étude s'inscrit dans le cadre d'une recherche longitudinale menée auprès de 419 adolescents du premier cycle du secondaire (7^e à 9^e année) de Hong Kong. Parmi cet échantillon, 216 élèves (51,6 %) étaient des filles. Les élèves ont répondu à des questionnaires autorapportés comprenant deux temps de mesure à neuf (9) mois d’intervalle. Deux instruments de mesure ont été utilisés dans le cadre de cette étude : une version adaptée du California School Climate and Safety Survey (Chen & Wen, 2011) et la Brief Symptom Rating Scale (Chang & al, 2018).

Dans l'ensemble, les résultats obtenus indiquent qu'une détresse psychologique plus élevée au T1 était corrélée à une plus grande victimisation des élèves par les enseignants au T2. Ces résultats suggèrent que plus le niveau de détresse psychologique de l'élève est élevé, plus le risque d'être victimisé par l'enseignant est grand. Autrement dit, la détresse psychologique des élèves semble être un facteur de risque plutôt qu'une conséquence de la victimisation des élèves par les enseignants. Quant aux différences selon le sexe, ce dernier n'a pas modéré la relation temporelle entre la détresse psychologique et la victimisation par les enseignants. Ainsi, l'effet de la détresse psychologique sur la victimisation des élèves par les enseignants est similaire peu importe leur sexe. Pour conclure, les auteurs mentionnent que l’interprétation des résultats est assujettie à certaines limites d’ordre méthodologique (le biais d’autodéclaration; des analyses supplémentaires seraient nécessaires pour confirmer la relation causale entre les variables; les données se limitaient à deux vagues avec un intervalle relativement court).