Il est largement démontré dans la littérature que le développement des compétences socioémotionnelles (DCS) est essentiel au bon fonctionnement de l’élève puisqu’il favorise une meilleure réussite éducative et un plus grand sentiment de bien-être. La recherche démontre également que l’importance accordée à ces compétences dans le cadre de la pratique enseignante, influence la manière dont ces membres du personnel éducatif vont soutenir le développement des élèves à cet égard. Cette étude quantitative de nature descriptive vise à mieux décrire la perception des enseignant(es) au sujet de leur rôle sur le DCS des élèves. Pour atteindre cet objectif, deux éléments conceptuels sont abordés dans l’article soit: les compétences socioémotionnelles (CSĖ) et les pratiques enseignantes en lien avec le DCS.

L’échantillon était composé de neuf enseignantes âgées entre 24 et 30 ans et ayant entre un an et cinq ans d’expérience en enseignement. La collecte de données s’est effectuée à l’aide d’un questionnaire de 32 questions élaboré à partir des CSÉ proposées par le Collaborative for Academic, Social, and Emotional Learning/CASEL (2017). Lors de la passation, les participantes étaient invitées à répondre pour chacune des cinq CSÉ à la question suivante : est-ce que l’enseignante joue un rôle dans le développement de cette compétence. Une échelle de Likert à trois niveaux d’accord a été proposée : oui (1), un peu (2) et non (3). Les participantes devaient répondre pour la compétence globale (exemple la connaissance de soi) et ensuite, elle devait se prononcer à savoir si elle considérait avoir un rôle à jouer pour chacune des composantes de la compétence.

Selon les résultats obtenus, les participantes à l’étude considèrent avoir un rôle à jouer sur l’ensemble du DCS des élèves. Cependant, leurs perceptions diffèrent concernant diverses composantes spécifiques, à savoir si ces dernières relèvent ou non de leur rôle. La connaissance sociale est la seule CSÉ ayant fait l’unanimité pour l’ensemble de ses composantes pour laquelle les enseignantes considèrent avoir un rôle à jouer, alors que les composantes de la connaissance de soi obtient des résultats plus mitigés. Pour les CSÉ liées à la gestion de soi et à la prise de décisions responsables, les enseignantes ont surtout mentionné que le DCS était « un peu » leur rôle.

Pour conclure, les auteurs mentionnent que malgré quelques limites d’ordre méthodologique (nombre restreint de participants à l’étude, absence de données qualitatives, utilisation d’une échelle à trois niveaux et d’un outil « maison » non standardisé), les résultats font état de certains écarts de perception soutenant la pertinence de poursuivre les recherches visant à mieux documenter la façon dont les enseignantes évaluent leur rôle à l’égard du développement socioémotionnel de leurs élèves. Des recherches ultérieures pourraient contribuer à une meilleure compréhension de ce qui est fait en classe pour soutenir le DCS des élèves et peut-être, améliorer la formation universitaire afin de permettre aux enseignants d’avoir une meilleure compréhension de l’ensemble des composantes qui se rattachent au DCS de même que l’importance que revêt leur rôle auprès des élèves.