La recherche indique que les interventions visant l’apprentissage socioémotionnel (ASÉ), constituent des moyens efficaces pour soutenir la socialisation et prévenir la violence à l’école. Bowen et al. soutiennent toutefois que les résultats de ces interventions sont souvent éloignés de l’ampleur espérée en raison des difficultés importantes concernant la mise en œuvre et l’absence de pérennité de ces pratiques.Le présent article propose une démarche pour soutenir efficacement le processus de mise en œuvre de l’ASÉ en misant d’abord sur une mobilisation de l’ensemble des intervenants scolaires, et ce, à travers la création d’un véritable partenariat interprofessionnel entre tous ses acteurs. Partant des principaux défis de la mise en œuvre des programmes d’ASÉ, les auteurs suggèrent qu’une démarche de mobilisation et d’accompagnement devrait être identifiée en fonction des besoins des milieux et en termes de contenus et de modalités d’interventions. De cette étape pourrait ensuite émerger le choix d’un ou de plusieurs programmes éprouvés en lien avec les objectifs formulés.

Une fois l’implantation d’un de ces programmes, le dernier objectif de la mise en place serait de nature récurrente, soit l’évaluation des retombées des actions. Ces balises théoriques ont permis de guider l’équipe de recherche dans l’implantation du programme DIRE-MENTOR. Cette expérience sur le terrain a fait ressortir trois éléments-clés relatifs à la mise en place de programmes : la systématisation des processus d’accompagnement et de formation, la qualité du leadership et la souplesse de la mise en place des programmes. Suivant les apprentissages du programme DIRE-MENTOR, Bowen et ses collaborateurs proposent un projet de recherche collaborative qui a pour but de :

Développer, mettre au point et évaluer l’efficacité d’un modèle d’accompagnement et de formation des intervenants des écoles permettant une mise en œuvre optimale et durable de programmes et d’interventions réputées efficaces en matière de développement de la socialisation chez les élèves et de prévention (universelle et ciblée) de la violence, et ce, à travers un processus de coconstruction entre partenaires-praticiens et chercheurs. (p.7-8).

Cet article couvre aussi la démarche partenariale (et présentation des partenaires), la description de la structure, du fonctionnement partenarial et leurs fondements de même que l’expérimentation du modèle co-construit. La conclusion fait ressortir que le changement vers une vision éducative intégrée et cohérente demande du temps et de grands investissements. Les auteurs insistent enfin sur le rôle crucial de la mobilisation de tous les acteurs concernés par les interventions à mettre en œuvre et sur la manière d’y parvenir de façon efficiente et pérenne.